Le premier spectacle
La première troupe compte environ une vingtaine d’artistes. Nous sommes le 27 septembre 1927 et pour la première fois la troupe des Cadets de la Juine prend le nom du Cadets’ Circus.
Nous ne possédons aucun programme de cette première représentation mais le compte-rendu dans « L’ABEILLE D’ÉTAMPES » du 8 octobre semble suivre assez fidèlement l’ordre des numéros.

Il y a d’abord l’ouverture par l’orchestre, celui qui, sous la direction de Monsieur Mouatt, accompagnait toutes les manifestations théâtrales des Cadets. Mais « il s’est mis lui aussi au goût du jour : deux cuivres excellents lui donnent tout de suite la note voulue et mettent du même coup le public en plein dans l’atmosphère du cirque ». Il faut préciser que cet orchestre accompagnera tous les numéros du programme.
Nous avons aussi quelques précisions sur la « barrière formée de quatre garçons de piste en livrée rouge et casquette galonnée ».
Le premier numéro est un travail de souplesse au tapis exécuté par un acrobate de dix ans et un clown de onze ans.
Vient ensuite un numéro de sauteurs. C’est en effet plus qu’un charivari puisqu’il comporte des passages en saut périlleux par-dessus six acrobates.
Le numéro suivant, sur lequel nous avons peu de détails, semble être du main à main.
Première intervention des clowns avec « Sioul » (Louis Fayout) et « Regor » (Roger Giton).
Deux fil-de-féristes leur succèdent qui exécutent « une traversée dangereuse » digne des meilleures pistes… « Câble droit, câble incliné, marche en avant et à reculons, debout et à genoux, pas de danse, passage à travers le cerceau … ».
Le numéro d’équilibres sur chaises qui enchaîne est baptisé « l’escalade aérienne ». Une photographie accompagnant le compte-rendu permet de constater qu’il s’agit déjà d’un fort joli numéro. On y voit, de dos, un équilibriste qui doit être René Amiard, tenant un impeccable équilibre décalé sur quatre chaises dont la deuxième oblique et la quatrième en balcon. Le commentateur précise que ce numéro est exécuté par deux acrobates.
Aucun détail sur le « travail artistique à la barre fixe » qui vient ensuite. Compte tenu du niveau de certains des gymnastes des Cadets travaillant sur cet agrès, ce ne devait pas être mal !
Arrive alors la troupe de clowns, la « troupe Tommy », qui va longuement occuper la piste, déchaînant les rires avec une succession de blagues et de gags. Son intervention se terminera par le célèbre intermède du « clair de lune »joué au violon par Henri Eluard.

La séance du 27 septembre 1927 se poursuit, toujours selon « L’ABEILLE D’ÉTAMPES », par un travail aux anneaux dont il n’est rien dit de plus.
Le numéro suivant est qualifié de « trapèze volant » mais il y a manifestement erreur sur le genre d’exercice, d’autant plus qu’il est précisé que ce numéro sert d’intermède pendant que les garçons de piste montent les agrès de l’attraction finale.
Enfin, voici le clou du spectacle, le bouquet, l’apothéose : la « guirlande infernale », illustré en photo accompagnée de cette légende : « Cinq corps humains, accrochés les uns aux autres, et tombant du cintre en une combinaison aussi artistique qu’athlétique ». Tout cela était si nouveau, si inattendu, que tout le monde en était émerveillé.
Le public fut subjugué, ainsi que le rapporte l’hebdomadaire étampois : « il y fallait de l’audace et une certaine dose de témérité. Le public s’en est bien rendu compte : tant qu’a duré ce travail, un silence de mort a régné dans la salle, qui attendait, haletante, la fin de cet exercice impressionnant. Elle fut, on s’en doute, saluée par le crépitement de vigoureux bravos ». Et pourtant, l’agrès, qui supportait les acrobates n’était accroché qu’à moins de cinq mètres du sol !