Le départ de la grande aventure
Depuis deux ans, le Cadets’ Circus vivote. Pourtant, au cours d’une réunion du Foyer, l’idée de refaire du cirque à Étréchy jaillit d’un coup, comme un pari sur l’avenir …
Ce n’est pas si simple car la troupe manque malheureusement d’expérience, de professeurs et les moyens financiers sont faibles pour ne pas dire inexistants.
L’idée acceptée, les jeunes se mettent donc tout de suite au travail. Jour après jour, les habitudes se retrouvent. Une « bonne » odeur de sueur envahit la vieille salle annonçant l’arrivée prochaine d’un nouveau printemps prometteur. Les cadets ne peuvent pas mettre sur pied, en si peu de temps, un spectacle complet, il est complété par des danses folkloriques en accord avec Claude Casagrande, responsable de ce groupe. Il faut également prévoir quelques travaux d’aménagement dans cette salle du cirque, délaissée depuis quelques années.
Courageusement, les jeunes du Foyer épaulent ceux du Cirque. La salle d’entraînement se transforme en salle de spectacle. Le plafond est remis à neuf, le parquet est consolidé et vigoureusement nettoyé. Les vieux gradins sont vermillonnés. Il faut encore aménager coulisses, bar, caisse …
Il faut aussi penser costumes, sonorisation, éclairage, publicité. Le programme comportant une majorité d’attractions aériennes, le slip est de rigueur et facilite en plus le coût de l’opération. Pour les autres numéros, on puise dans la garde-robe du Cadets’ Circus. Il faut néanmoins rajuster, embellir certains costumes, ainsi quelques couturières seront mises à rude épreuve.
Côté sonorisation, ce n’est guère brillant puisqu’il ne reste rien de l’ancien matériel. Fort heureusement, Claude Caratis, astucieux, en bricole une qui rend bien des services. Pour l’éclairage, nous avons toujours la coupole à quatre projecteurs qu’il suffit de remettre en état.
Des affiches bien placées, quelques articles dans la presse locale et surtout un tract dans chaque boîte aux lettres réussiront à remplir la salle.

Tout est donc prêt, le samedi 4 mai, pour jouer le programme « Boum Circus », en hommage au Cirque Médrano disparu.
A 21 heures, la traditionnelle « Entrée des Gladiateurs » retentit comme un tonnerre dans la salle du Père André. Monsieur Loyal, Bernard Colinet, est visiblement ravi d’être au rendez-vous, . Les clowns Claudio et Subito, Claude Casagrande et Didier Colinet, souhaitent la bienvenue aux spectateurs. Première attraction, la voltige aérienne des Lerson’ s, Jean Leroy et Pierre Maison. Ce numéro à la double barre est bien enlevé, comportant un bon travail au trapèze porté, des passes rapides avec un joli saut final. Le groupe folklorique fait alors sa première apparition dans « Mayin-Mayin », danse israélienne. Suit l’entrée des Yang en costume oriental. Le rodage acrobatique avec Didier Turpin et Pierre Maison. A nouveau, le Groupe Folklorique prend possession de la piste avec une danse écossaise précédant les clowns Claudio et Subito. L’entrée de la « machine à guérir » est bien enlevée et fait beaucoup rire. En dernier numéro de cette première partie, les 2 Pergass , Philippe de Gassart et Jean Leroy, en costume de corsaire, évoluent à la perche double.
Pendant cet entracte, Bernard Colinet annonce la reprise de l’entraînement pour les jeunes garçons que René Doguet se propose d’animer à la rentrée d’octobre.
La deuxième partie s’ouvre sur un numéro inédit, la perche rotative de Tedd, Didier Turpin. Cette perche, fixée sur un axe tournant est l’œuvre de l’ingénieux Jean Gautier. Le voltigeur évolue dans le noir complet en costume fluorescent rehaussé par la lumière noire. A nouveau, les clowns reviennent en piste avec l’entrée du miroir brisé. Le groupe folklorique nous fait ensuite voyager en Russie et d’un coup d’aile, nous partons en Espagne avec les trois Bernardos aux échelles libres. Costumés en espagnol, nous découvrons Bernard Pigeon, porteur faisant évoluer les voltigeurs Dominique Leroy et Christian Cormon. Le clown Atome, Francis Thuillier, fait alors son entrée. Il retrouve avec joie son compère Pépo, Pierre Maison, et Bernard Colinet. Avec l’entrée bien connue de la « flotte », c’est un déferlement de seaux d’eau et de … rires. La piste est trempée mais le trio Roberto, en cape rouge, fait une entrée impressionnante avant d’aller évoluer aux échelles aériennes. Ce trio formé des voltigeurs Didier Turpin et Jean Leroy, du porteur Marc Levon, travaille fort joliment malgré le handicap de la hauteur et le manque d’expérience.
La parade finale nous permet de revoir toute la troupe, peu nombreuse encore, mais avide de bien faire. Visiblement, les spectateurs sortent satisfaits de cette reprise. Cette séance a prouvé que le cirque avait gardé tout son impact auprès de la jeunesse.
Durant l’hiver 68-69 des membres du comité de jumelage d’Etrechy proposent au responsable du Cadets’ Circus de présenter un spectacle lors du Lydd Club Days en juin
En février 1969 la décision est prise et en quelques mois toutes les bonnes volontés s’activent pour monter une nouvelle création. Jean Gautier, Geo Lasnier, Marcel Trublard, Pierre Cordurier, Bernard et Didier Colinet, René et Merryl Doguet encadrent la jeune troupe de plus de 30 jeunes pour un vol Le Touquet-Lydd en avion-cargo avec près de 2 tonnes de matériel pour monter le palc, ce grand portique de 11m.

Sur place le week-end est dense, arrivée le vendredi soir, montage le samedi matin, spectacle samedi après-midi et retour le dimanche. Le spectacle est un succès. Pour certains jeunes ce n’est que le deuxième spectacle en public. Equilibre sur boule, sur échelle ou à 12 m en haut du portique ; Entrées clownesques traduites et apprises phonétiquement, les numéros sont chaudement applaudis par un public anglais enthousiaste. Fort de ces 2 défis relevés en à peine 1 an une solide équipe rentre à Etréchy et au cours des années suivantes la troupe s’étoffe.
En 1971, un voyage épique, en camion, mènera la troupe à Ostrach, ville allemande jumelée avec Etrechy pour y présenter un extrait du programme Cirque autour du monde
En 1973 les filles peuvent enfin participer plus activement au spectacle, Isabelle, Béatrice et Odile ouvrent la voie à Mari-do Valérie… et toutes les suivantes
La 4 mai 1974, par l’intermédiaire de Jean Villier, journaliste, amateur de cirque, le Cadets’ Circus joue pour la première fois sous un chapiteau lors d’un spectacle caritatif organisé par le Lions’ Club. C’est une révélation pour tout le monde. Le cirque est fait pour etre présenté sous un chapiteau.

Pour le spectacle de juin 1974, le Cadets’ loue à Madame Fanni un chapiteau bleu en coton qu’elle nous cèdera au tarif de 30000F (25500€ d’aujourd’hui). Le palc est rangé pour toujours